"Il y a ceux qui aiment bien dire "on ne peut pas séparer les choses comme cela" il y ceux qui aiment bien dire "cela n'a strictement rien à voir" et puis il y a ceux qui refusent de dire autre chose que ce qu'ils disent." (O. B.)
Il y a d’abord ceux qui disent qu’il est impossible de séparer donc d'analyser les choses qui fonctionnent en système dynamique : les séparer c'est les tuer donc on ne peut pas analyser le fonctionnement d'un système, seulement décrire ses effets.
Or nous passons notre temps à séparer les choses afin d'en parler : nous séparons le contenu d'un discours de sa forme, l'objectif des moyens pour y parvenir, l'être de l'apparaître, le pouvoir de la séduction, l'émotion du comportement. Sans séparation artificielle par le langage, pas de langage donc pas de pensée. C'est pour cela que la pensée n'est jamais neutre puisqu'elle prend parti en choisissant de distinguer ce qu'elle veut distinguer au sein de monde ambiant.
Si nous ne pouvions pas séparer les choses nous ne pourrions pas expliquer les systèmes dynamiques comme le cycle de la photosynthèse par exemple ou bien simplement la croissance d'une plante. Or nous savons le faire car nous savons séparer afin de comprendre puis de restituer les éléments séparés dans une synthèse qui reconstitue la dynamique d’un système.
Il y a ceux qui disent ensuite que les choses n’ont rien à voir les unes avec les autres.
Celui qui dit que "cela n'a rien à voir avec..." a toujours tort : cela a toujours “à voir avec”. La question est de savoir quelle est la différence entre deux choses : lorsqu'on dit que cela n'a rien à voir c'est que l'on ne veut pas penser aux différences parce que nous ne voulons pas relier les choses. Or c'est bien la différence qui relie, c'est parce que la différence est une médiation qu'elle permet de rapprocher une chose de l'autre.
Celui qui dit que cela n'a rien à voir ne veut pas voir, il ne veut pas voir le lien pour une raison ou une autre, il a intérêt à ce que les choses soient séparées, il préfère diviser pour mieux régner sur les phénomènes et en l'occurrence sur le discours, donc pour avoir raison. Il est fréquent, dans un débat, comme forme de rhétorique, de prétendre que "cela n'a rien à voir" afin de se débarrasser facilement d'un argument.
Il y a enfin ceux qui refusent de “dire autre chose que ce qu’ils disent”. Il ne veulent pas interpréter, il ne veulent pas expliquer, ils sont rigides et braqués sur ce qu’ils savent ou pensent savoir. Ils refusent toute interprétation parce qu'ils sont déjà convaincus de ce qu’ils disent, ils ont compris, ils savent. Pourquoi se fatigueraient-ils à dialoguer avec ces gens qui veulent qu’on leur explique. En fait ils sont terrorisés à l’idée qu’on les comprenne et qu’on leur montre la fausseté ou la banalité de leur pensée.
Bonne chance pour le dialogue.
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