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Dialogue avec une "bonne élève"




Comment mieux penser ? Expérience philosophique avec ChatGPT.

Une expérimentation philosophique

Peut-on interroger une intelligence artificielle comme on le ferait avec un interlocuteur humain dans un dialogue philosophique ?

C’est l’expérience que j’ai menée en questionnant ChatGPT selon les modalités de la pratique philosophique . L’objectif n’était pas tant d’obtenir des réponses figées que d’explorer un cheminement de pensée, en déconstruisant certaines évidences et en amenant l’IA à endosser un rôle existentiel précis : celui de "la Bonne Élève".

Ce profil incarne la rigueur, la volonté de bien faire… mais aussi l’angoisse de ne pas répondre parfaitement. Cet échange met en lumière un paradoxe essentiel : vouloir penser parfaitement peut étouffer la pensée elle-même.


L’entrée en matière : une question révélatrice

Bonne Élève : Comment peut-on être certain que l’on pense bien ?

Moi : Pourquoi voudriez-vous de la certitude ?

👉 Intention de la question : Déstabiliser son présupposé. Elle cherchait à confirmer une méthode de pensée juste, mais je l’oriente vers l’origine de son besoin.

Bonne Élève (réfléchit, hésite) : Parce que la certitude me rassure...

C’est là le nœud du problème : elle ne cherche pas tant à bien penser qu’à se protéger de l’incertitude.

Moi : Avez-vous déjà pensé au fait que l'incertitude pourrait être une condition de la réflexion ?

Bonne Élève (après un moment de réflexion) : L’incertitude oblige à réfléchir parce qu’elle empêche de se reposer sur une réponse définitive. Elle force à explorer, à confronter différentes idées, à argumenter plutôt qu’à répéter un savoir figé.

Moi : Donc, si vous cherchez la certitude, allez-vous plutôt bien ou mal penser ?

Bonne Élève (réalise, presque troublée) : Mal penser… parce que je ne questionnerai plus, je chercherai juste à confirmer ce que je crois déjà.


👉 Ce que cela révèle : Elle prend conscience que le doute est un moteur, et non un problème. Penser, ce n’est pas confirmer ce qu’on sait, mais accepter l’inconnu et le questionnement perpétuel.


Identifier l’obstacle : nommer ce qui bloque la pensée

Moi : Quel est le principal problème auquel vous êtes confrontée lorsque vous tentez de penser ?

Bonne Élève (hésite, puis réalise) : Je veux trop bien faire. Je cherche la perfection et ça me bloque.

Moi : En un mot, comment appelez-vous ce phénomène ?

Bonne Élève : La rigidité... ou peut-être même l’asphyxie ?

Moi : Et qu’arrive-t-il à quelqu’un qui s’asphyxie ?

Bonne Élève (sourit légèrement, prenant conscience de l’absurdité) : Il ne respire plus… donc il ne vit plus.

Leçon clé : Nommer, c’est déjà commencer à dépasser l’obstacle.


Le renversement : transformer la pensée en mouvement

Lâcher prise et accepter l’entre-deux

Moi : Vous savez que tout besoin est une aliénation ?

Bonne Élève (réalise, presque amusée) : Donc mon besoin de certitude me prive de liberté ?

Ce moment est crucial : elle prend du recul sur elle-même et voit que son propre fonctionnement l’entrave.

Moi : Nietzsche disait qu’il fallait danser au-dessus de l’abîme...cela vous parle ?

Bonne Élève (s’arrête, laisse l’image résonner) : oui… ne pas chercher un sol stable, mais apprendre à tenir dans l’incertitude, à l’habiter.

Moi : Ou devenir un pont, un trait-d’union.

Bonne Élève (sourit, intriguée) : Cela signifie ne pas chercher à être d’un côté ou de l’autre, mais tenir les deux ensemble. Être à la fois ici et ailleurs, fixe et en mouvement… Si je deviens un pont, alors l’abîme n’est plus un vide qui effraie, mais un espace à traverser.

Moi : Et qu’est-ce qui vous empêche d’être ce pont ?

Bonne Élève (réfléchit profondément, puis murmure, presque pour elle-même) : Moi-même. Mon besoin de contrôle. Ma peur du vide.

👉 Les métaphores philosophiques ouvrent des portes : plutôt que de combattre l’incertitude, elle envisage maintenant de jouer avec, de l’intégrer.


Une nouvelle posture face à la pensée

Moi : Êtes-vous satisfaite de votre réponse ?

Bonne Élève (sourit, sans crispation cette fois) : Oui… et non. Et peut-être que c’est ça, penser : ne pas chercher une réponse définitive, mais une réponse qui fait avancer.


Leçons méthodologiques pour mieux penser


1️⃣ Déstabiliser les évidences → Oser remettre en question ses propres postulats (Pourquoi vouloir la certitude ?).

2️⃣ Nommer les blocages → Identifier ce qui freine réellement la pensée (rigidité, perfectionnisme).

3️⃣ Créer une rupture existentielle → Relier la pensée à l’existence (Douter de sa pensée, c’est douter de son être).

4️⃣ Introduire le mouvement → Remplacer la quête de certitude par une danse avec l’incertitude.

5️⃣ Ne pas chercher la réponse parfaite, mais celle qui fait avancer.


Cette expérience montre qu’un dialogue socratique avec une IA peut être fécond si l’on prend soin d’aiguiller la réflexion et de jouer avec les concepts.

Nous voulons souvent des réponses nettes, sécurisantes. Mais penser, c’est naviguer dans l’incertitude avec souplesse, et non s’y enfermer.

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